Le Télégramme – Concert du 5 juillet 2019

Article paru le 8 juillet dans le Télégramme (Quimper):

Taléa. Les choristes remontent le temps

L’église de Locmaria affichait complet vendredi soir.

L’ensemble vocal Taléa a donné un concert vendredi soir à l’église de Locmaria. Dirigé par Pierre-Emmanuel Clair et accompagné au clavecin par Christian Riché, la formation a remonté le temps en première partie, puis chanté « Jesu, meine Freude », l’un des plus célèbres motets de Jean-Sébastien Bach.

Visiblement, Pierre-Emmanuel Clair aime joindre des mots à la musique. Ainsi, en cette première partie consacrée aux œuvres de Monteverdi, Ola Gjeilo, D. Kehoe et Giacomo Rossini, il a invité l’un des choristes à lire entre les différentes œuvres l’histoire d’un chevalier parti pour la croisade. Un extrait du cantique des cantiques vient même se mêler à cette histoire guerrière et religieuse. On cherche en vain le rapport entre la musique de Monteverdi (1567-1643) et la première croisade (1096), mais ce n’est vraiment pas grave.

De beaux contrastes

Les sopranes éclairent de leurs timbres les œuvres au programme et établissent de beaux contrastes avec les voix masculines au long des premiers madrigaux. Le cantate Domino reste sobre dans son interprétation. « Northern Lights », une pièce d’Ola Gjeilo, compositeur norvégien né en 1978, rallie l’ombre à la lumière. Le chœur est excellent dans cette musique un peu dans le ton de celle d’Arvö Pärt. Musique nordique, intimiste, non dénuée d’un certain mystère. Le chœur chantera deux autres pièces de ce compositeur. La première partie s’achève sur un autre ton avec « Quand Corpus » de Giacomo Rossini, extrait de son « Stabat Mater ». Répartis en chœurs distincts, les choristes chantent parfaitement cette œuvre qui recèle tout de même un peu de joie.

Les intentions de Bach

« Jesu, meine Freude » est un très célèbre motet composé par Jean-Sébastien Bach sur un cantique luthérien de Johan Cruguer, en 1723, à l’occasion des obsèques de Johanna Maria Kees. Pierre-Emmanuel Clair tient à expliquer en détail la forme de ce motet et un peu des intentions de Bach. Il intervient entre les « mouvements » du motet pour mieux faire comprendre son architecture et son importance dans l’œuvre entière. Malgré toute la beauté du chœur, cette façon de faire casse la concentration dont chacun a besoin pour entrer dans la musique de Bach et c’est dommage.

Le public applaudit les choristes qui offrent, en bis, un extrait du motet de Bach et surtout le superbe « Nothern Lights » que l’on réentend avec grand plaisir.

Éliane Faucon-Dumont

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