TALEA : A la recherche d’authenticité

Unique dans le Finistère, l’ensemble vocal TALEA, dirigé par Pierre-Emmanuel Clair et composé de 27 chanteurs amateurs passionnés, se concentre sur le lien entre les compositeurs Baroques et post-modernes. 

Les techniques vocales nécessaires à l’exécution de leurs œuvres présentent de nombreuses similitudes, par exemple un vibrato maîtrisé pour une parfaite homogénéité et une pureté du son. Les façons de gérer la couleur vocale et le phrasé sont souvent assez proches.

TALEA ambitionne de faire connaître cette musique au grand public, de la rendre accessible et appréciable à tous. L’approche historique vise à rendre à l’interprétation sa force originelle.

Notre fondation

TALEA est né avec 15 chanteurs en octobre 2015 à Quimper suite à un stage vocal avec une double optique chorale et soliste. Le maître de stage, Pierre-Emmanuel CLAIR, séduit par le son d’ensemble obtenu en quelques jours avec ces chanteurs motivés par cette double exigence, a créé un chœur-laboratoire qui deviendra TALEA pour expérimenter, mettre en pratique et perfectionner toutes ses recherches.

C’est cette mutualité entre chanteur et chef, cette complicité, qui rend notre voyage exceptionnel.

Les chanteurs et musiciens sont la clé

L’ensemble est réuni par la réelle implication de chaque personne qui a envie de découvrir cette musique et de s’y investir par une formation vocale individuelle et collective. Cette approche technique et historique de la part de chacun permet à TALEA d’accéder à un niveau semi-professionnel adapté pour explorer le grand répertoire de Claudio MONTEVERDI et Johann Sebastian BACH et d’être capable de chanter les complexités de cette musique.

TALEA bénéficie depuis avril 2018 de la présence régulière du claveciniste Christian RICHE, qui a transmis au chœur ses compétences et son expérience en matière de musique Baroque. Avec Pierre-Emmanuel CLAIR, ils explorent les outils de l’interprétation « historiquement informée ». Avec eux, le chœur découvre la rhétorique, les figures musicales, les affects, les divers pieds rythmiques…

La recherche d’authenticité

De nombreux chœurs aspirent à un niveau d’excellence de musicalité, disons semi-professionnelle. Ce qui rend TALEA unique, c’est sa quête d’authenticité, qui s’exprime à travers 5 volets :

La force du mot 

La rhétorique était à l’époque Baroque le fondement de la formation de tout honnête homme, musicien ou non. La composition des œuvres musicales en était nécessairement imprégnée. Aujourd’hui, la connaissance de la rhétorique est nécessaire pour comprendre ce discours et rendre l’intention du compositeur. Dans la musique vocale, le texte porte sa rhétorique propre, qui devient rhétorique musicale lorsque les musiciens s’en emparent.

Notre chef de chœur a consacré les dernières années à l’étude de nombreux écrits de musicologues et musiciens (BARTEL, LOPEZ CANO, CIVRA, etc). Son orientation actuelle l’a conduit à la lecture des traités originaux (BURMEISTER, MERSENNE, MATTHESON, QUINTILIEN, etc) pour comprendre un langage qui n’est plus le nôtre, et qui a pourtant façonné notre civilisation.

De plus, en collaboration avec des historiens en latin ainsi que des linguistes en langues vivantes, TALEA cherche à interpréter chaque œuvre en fonction de l’élocution de l’époque à laquelle elle a été composée.

L’expression des affects  

La musique n’est rien sans émotion et les compositeurs du Baroque, comme leurs contemporains peintres, ont exploré la meilleure façon d’exprimer l’affect émotionnel. L’artiste français Charles LE BRUN, chancelier de l’Académie royale française de peinture et de sculpture sous le règne du roi Louis XIV, a répertorié les passions de l’âme qui affectent l’expression du visage, par lequel elles se transmettent au public. Sa Conférence sur l’expression générale et particulière (1668) et son Expressions des passions de l’Ame (1732) ont servi d’outils pratiques pour former les artistes à une grammaire visuelle qui pouvait être utilisée pour la communication précise des émotions.

TALEA s’inspire de cette pédagogie pour respecter et reproduire au mieux les expressions recherchées par les compositeurs du Baroque.

La puissance du pathos rythmique

Aristote affirme que « [il y a persuasion] à travers les auditeurs lorsqu’ils sont amenés à ressentir des émotions », et peut-être que la fonction rhétorique la plus évidente de la musique est cette capacité à faire appel au pathos : évoquer, intensifier les émotions des auditeurs. En plus du ton et du timbre, le rythme est essentiel pour transmettre l’atmosphère émotionnelle.

L’époque Baroque, notamment au travers de la Camerata florentine, considérait que la musique devait retourner à ses racines grecques. Or, l’un des éléments clé de cette musique était le pied rythmique. Dès SAINT-AUGUSTIN, et jusqu’à MERSENNE et MATTHESON, l’accent est mis sur les possibilités presque infinies de combinaisons de ces rythmes de base, et leurs possibilités expressives.

Les chanteurs de TALEA étudient les nuances de telles différences rythmiques pour offrir l’interprétation la plus vivante et fidèle possible.

Les tempéraments historiques 

Les pratiques d’accord ont eu un effet important sur le développement de l’harmonie et de la tonalité. TALEA répète et produit la musique de MONTEVERDI dans le tempérament mésotonique, un système d’accord obtenu en rétrécissant les quintes afin d’obtenir huit tierces pures sur les douze. Très utilisé par les compositeurs avant le XVIIIe siècle, ce tempérament offre une palette expressive plus marquée que le tempérament égal, dans lequel tous les demi-tons sont égaux à une douzième d’octave. L’oreille des choristes, habituée comme celle de tout un chacun à ce tempérament égal, s’est formée au fil des ans pour entendre et leur permettre d’interpréter cette différence de couleurs. 

L’étude des partitions originales

L’essor d’internet a permis à des amateurs d’accéder plus facilement aux sources musicales. Chaque chanteur de TALEA est encouragé à les découvrir et à se familiariser avec ces notations anciennes. Les formes graphiques, l’absence de barres de mesures, la distribution en différents cahiers, induisent une vision différente de la partition.

Prenons par exemple notre travail sur les Vêpres de MONTEVERDI. Au fil des ans, les Vêpres de la Sainte Vierge ont fait l’objet de plus d’éditions que toute autre composition du XVIIe siècle. Comme pour toute copie manuscrite, chaque transposition entraîne des erreurs, des omissions et finalement des réinterprétations basées sur des modes contemporains. Nous sommes retournés à la source. En utilisant les éditions originales, nous avons pu obtenir une image plus claire des intentions de MONTEVERDI. Il ne s’agit pas d’un dièse ici ou d’un bémol là. C’est une question de couleur, d’émotion, comment le compositeur a souhaité que son histoire soit racontée. Notre travail a nécessité des heures, des semaines, des mois de recherches minutieuses qui aboutiront à l’édition de notre propre partition.

Notre répertoire

Le Madrigal

Cette forme musicale issue de la Renaissance, qui se pratique de 3 à 8 voix, généralement exécutée a cappella et en texture polyphonique, utilise le geste musical pour refléter le sens littéral ou figuratif d’un mot ou d’une phrase.

Les œuvres de Claudio MONTEVERDI au XVIe et début du XVIIe siècle sont au pinacle de ce genre de composition.

La musique Baroque

La texture polyphonique épaisse et complexe prévaut dans l’utilisation de l’ornementation pour broder des mélodies amplifiées par les possibilités dramatiques et rhétoriques.

Le motet BWV 227 de Johann Sebastian BACH, Jesu, meine Freude, avec un haut degré de complexité et de perfection de composition, est considéré comme le plus abouti de la musique polyphonique Baroque.

Les jeunes compositeurs du XXIe siècle

Les influences de la Renaissance et du Baroque imprègnent les œuvres de ces compositeurs ; la dynamique changeante, les textures superposées et les harmonies audacieuses illustrent le texte.

Le lien avec la commune d’Ergué-Gabéric

Domicilié dans la ville d’Ergué-Gabéric depuis 2021, l’ensemble vocale TALEA tisse une relation étroite avec la commune.

TALEA s’engage à participer à la mise en valeur du patrimoine culturel d’Ergué-Gabéric en concertation avec la mairie, notamment en produisant des concerts autour de son orgue Baroque.

Construit en 1680 par Thomas DALLAM pour l’église Saint-Guinal, comme en témoigne l’inscription 1680 portée sur le buffet, le diapason de cet orgue est à 387 Hz, soit un ton au-dessous du diapason actuel, avec un tempérament inégal. L’instrument restauré en 1990 a retrouvé une sonorité proche de ce qu’elle devait être au XVIIe siècle.

Cette sonorité est particulièrement intéressante pour les spécialistes de la musique Baroque, notamment française, de cette époque. TALEA, habitué à chanter dans des diapasons différents et des tempéraments inégaux, peut ainsi en tirer pleinement partie.

TALEA a déjà produit plusieurs concerts et répétitions publiques à Ergué-Gabéric, notamment pendant les Journées du Patrimoine.

Les dates clés 

Juillet 2015Stage vocal qui engendra la fondation de l’ensemble vocal TALEA
Sept 2015Fondation de l’association Ensemble vocal TALEA avec 15 choristes pour découvrir et expérimenter l’interprétation « historiquement informée »
Avril 2018Début de la collaboration avec Christian RICHE en tant que claveciniste et consultant en musique Baroque
Déc 2019Concert à la Cathédrale Saint Corentin, Quimper, avec l’œuvre vocale monumentale de J.S Bach, Jesu, meine Freude (Concert commun avec l’Echo des vagues, également dirigé par Pierre-Emmanuel Clair)
Sept 2020Concert, Journées du patrimoine, Ergué-Gabéric
Fév 2021Domiciliation à Ergué-Gabéric
Mars 2021Création du premier Teaser
Juin 2021Mise en opération de la campagne Devenir Ambassadeur
Sept 2021Concert, Journées du patrimoine, Ergué-Gabéric
Mars 2022Master Class avec Damien GUILLON
Mai 2022Première répétition publique, Jour de l’orgue, Ergué-Gabéric
Juin 2022Premier concert commun avec Nova Voce de Vannes
Juillet
2023
Concert « Les Arts Florissants » avec mise en espace, lumières et projections

La presse

L’ensemble vocal TALEA fait l’objet de multiples articles de presse et y est particulièrement apprécié pour la valeur de l’exécution et l’interprétation des œuvres (Le Télégramme, Ouest France…)