Programme du concert du 3 sept. 2023 – Escapades Baroques


Cantates de Johann Sebastian Bach

Pierre-Emmanuel Clair, Direction
Animé par une forte envie de percevoir et d’appréhender une composition dans sa globalité, après une expérience de chanteur professionnel soliste et dans divers ensembles, devient chef de chœur puis chef d’orchestre. Son exploration des techniques propres au Baroque (la rhétorique musicale, une compréhension historique…) l’amène à créer, en 2015, l’ensemble vocal TALEA, avec qui il approfondit ses recherches en les adaptant à notre psychologie moderne.

Julia Barat, Soprano
Travaille le piano au Conservatoire de Dijon et y passe sa licence de musicologie. Elle rejoint le Finistère en 2014. Elle s’est perfectionnée en chant lyrique au Conservatoire de Nantes. Elle est également choriste de l’Ensemble vocal TALEA. Elle a été soliste de la Passion selon St Jean produit par l’Echo des Vagues en 2022.

Ai Wu, Mezzo
Formée au Conservatoire de Musique de Shanghai, où elle obtient le diplôme de Master, elle y enseigne ensuite aux côtés de la célèbre pédagogue Zhou Xiao Yan. En France, elle obtient le Diplôme de Concertiste de l’École Normale de Paris. Elle remporte ensuite plusieurs prix lors de concours internationaux. Depuis 2014, elle mène une carrière franco-chinoise, régulièrement invitée en Chine sous la direction de Muhai Tang. Depuis 2015, elle collabore avec l’Ensemble Matheus. Elle poursuit également son activité de chambriste sur les répertoires français, espagnol et baroque.

Chœur : Elsa Polard, Brigitte le Bourhis, Florence Jolivet, Alexis Salkin, Jean-Louis Nicolas, Henri Gravrand.

Jean-Marc Goujon, Traverso
Membre de l’Ensemble Matheus depuis sa création, il intervient régulièrement comme soliste auprès d’ensembles renommés : Musiciens du Prince – Opéra de Monaco, La Scintilla-Opera Zurich, Orchestre RSI – I Barocchisti … Il partage également la scène en tant que soliste avec de prestigieux chanteurs : Cécilia Bartoli, Philippe Jaroussky, Natalie Dessay, James Bowman, Jennifer Larmore, Veronica Cangemi, Max-Emmanuel Cencic ou Sonia Prina …

Jérôme Brodin, Clavecin et orgue
Formé au clavecin par P. Dubreuil à Rennes puis par S. Hentra à Utrecht. Master-classes auprès de B. van Asperen, G. Leonhardt, F. Haas. Se produit avec des orchestres européens (Holland Baroque, Barokopera Amsterdam, Giardino Musicale), et des groupes de musique de chambre.

Christian Riché, Clavecin et orgue
A étudié auprès d’A. Gallet, ancienne élève de G. Leonhardt. A participé à l’ensemble instrumental de Basse Bretagne, le Collegium Orpheus de Jean Marc Labylle et à l’ensemble Matheus (Jean Christophe Spinosi).

Arthur Soulès-Aguilar, Violon 1
Formé à Nantes par C. Serban, puis à Leipzig par R. Baldini et S. Scholz et T. Prokein, et par Tibor Varga au Colorado. Musicien complet, Il a intégré des formations prestigieuses comme l’Orchestre de la radio de Leipzig, l’Orchestre symphonique de Leipzig, l’Ensemble Contrapunctus.

Pascale Jardin, Violon 2
Formée au violon baroque par O. Edouard et S. Heyerick, puis par H. Houzel, elle a obtenu un DEM de musique de chambre ancienne. Participe à l’ensemble Ma non Troppo, et différents projets de l’Ensemble Saint Florentin, Bach Collegium Paris…

Marie-Aude Guyon, Alto
Formée au violon à Brest, puis à l’alto par J-B. Brunier. Son activité se partage entre différents ensembles baroques tels que l’Ensemble Matheus, Concerto Köln, Les Musiciens du Louvre…, et des orchestres comme l’Opéra de Rouen, l’Orchestre National d’Ile-de- France, l’Orchestre de Bretagne, l’Orchestre Colonne.

Damien Cotty, Violoncelle
Formé au violoncelle classique par A. Ripoche, puis au violoncelle baroque par M. Middenway et à la viole de gambe par E. Balssa, puis par J. Hentaï et P. Pierlot. A travaillé avec l’ensemble baroque de Nice, l’ensemble Pygmalion, Capilla flamenca, la Symphonie Saint Julien.

Clotilde Guyon, Contrebasse
Formée à La Courneuve par S. Wiener, puis par W. Güttler à Berlin. Elle collabore avec des orchestres européens : Les Musiciens du Louvre Grenoble, l’Orchestre des Champs-Elysées, le Concert Spirituel, Concerto Köln, l’Ensemble 415, Les Arts Florissants, Al Ayre Español, La Grande Ecurie et la Chambre du Roy…

Cantate Ich habe Genug
(BWV 82) – 1727. Pour traverso et mezzo.

1. Aria
Ich habe genug,
Ich habe den Heiland, das Hoffen der Frommen,
Auf meine begierigen Arme genommen;
Ich habe genug!
Ich hab ihn erblickt,
Mein Glaube hat Jesum ans Herze gedrückt;
Nun wünsch ich, noch heute mit Freuden
Von hinnen zu scheiden.
Je suis comblé,
J’ai pris le Sauveur, l’espoir du juste,
Dans mes bras avides.
je suis comblé !
Je l’ai vu,
Ma foi a embrassé Jésus ;
Maintenant j’espère, aujourd’hui même, avec joie
Partir d’ici.
2. Récitatif
Ich habe genug.
Mein Trost ist nur allein,
Dass Jesus mein und ich sein eigen möchte sein.
Im Glauben halt ich ihn
Da seh ich auch mit Simeon
Die Freude jenes Lebens schon.
Laßt uns mit diesem Manne ziehn!
Ach! möchte mich von meines Leibes Ketten
Der Herr erretten;
Ach! wäre doch mein Abschied hier,
Mit Freuden sagt ich, Welt, zu dir:
Ich habe genug.

Je suis comblé
Mon réconfort est seulement
Que Jésus puisse être mien et que je puisse être sien.
Dans la foi, je le tiens,
Là je vois, avec Siméon,
Déjà la joie de l’autre vie.
Allons avec cet homme !
Ah ! si seulement le Seigneur pouvait me sauver
Des chaînes de mon corps ;
Ah ! si seulement je partais d’ici,
Avec joie, je te dirais, monde :
Je suis comblé.
3. Aria
Schlummert ein, ihr matten Augen,
Fallet sanft und selig zu!
Welt, ich bleibe nicht mehr hier,
Hab ich doch kein Teil an dir,
Das der Seele könnte taugen.
Hier muss ich das Elend bauen,
Aber dort, dort werd ich schauen
Süßen Friede, stille Ruh.

Endormissez-vous, yeux las,
Fermez-vous doucement et heureusement !
Monde, je ne resterai pas plus longtemps ici,
Je ne possède aucune part de toi
Qui puisse être utile à mon âme.
Ici je dois augmenter la misère,
Mais là-bas, là-bas je verrai
Une paix douce, un repos paisible
4. Récitatif
Mein Gott! wann kömmt das schöne: Nun!
Da ich im Friede fahren werde
Und in dem Sande kühler Erde
Und dort bei dir im Schoße ruhn?
Der Abschied ist gemacht,
Welt, gute Nacht!

Mon Dieu, quand viendra l’agréable « Maintenant ! »
Quand je voyagerai en paix
Et dans le sable frais de la terre
Et là, près de toi, je reposerai sur ton sein ?
Mes adieux sont faits,
Monde, bonne nuit !
5. Aria
Ich freue mich auf meinen Tod,
Ach, hätt er sich schon eingefunden.
Da entkomm ich aller Not,
Die mich noch auf der Welt gebunden.

Je me réjouis de ma mort,
Ah, si seulement elle était déjà ici.
Alors, j’échapperai à toutes les souffrances
Qui me lient encore au monde.

Cantate Non sa che sia dolore 
(BWV 209) – 1729. Pour traverso et soprano.

1. Sinfonia en si mineur
2. Récitatif
Non sa che sia dolore
Chi dall’ amico suo parte e non more.
Il fanciullin’ che plora e geme
Ed allor che più ei teme,
Vien la madre a consolar.
Va dunque a cenni del cielo,
Adempi or di Minerva il zelo.
Il ne sait pas ce qu’est le chagrin
Celui qui quitte son ami et ne meurt pas.
L’enfant qui pleure et gémit
S’il a bien peur,
Sa mère vient le consoler. 
Donc va chercher un signe du ciel,
Accomplis maintenant l’ordre de Minerve.
3. Aria
Parti pur e con dolore
Lasci a noi dolente il core.
La patria goderai,
A dover la servirai;
Varchi or di sponda in sponda,
Propizi vedi il vento e l’onda.

Pars donc et avec chagrin
Laisse-nous à nos cœurs douloureux.
Tu te réjouiras de ta patrie
À la servir selon ton devoir ;
Navigue maintenant de rivage en rivage,
Tu trouveras des vents et des eaux propices.
4. Récitatif
Tuo saver al tempo e l’età constrasta,
Virtù e valor solo a vincer basta;
Ma chi gran ti farà più che non fusti
Ansbaca, piena di tanti Augusti.
Ton savoir contraste avec ton âge
La vertu et la valeur seuls sont suffisants pour conquérir ;
Mais qui te fera plus grand que tu n’étais
Qu’Ansbach, qui compte tant d’Augustes.
5. Aria
Ricetti gramezza e pavento,
Qual nocchier, placato il vento,
Più non teme o si scolora,
Ma contento in su la prora
Va cantando in faccia al mar.

Oublie affliction et crainte,
Comme le timonier, quand le vent est calmé,
Qui ne craint plus ni ne pâlit
Mais content de sa proue
Va chantant face à la mer.

Cantate Was Gott tut, das ist wohlgetan
(BWV 99) – 1724.

1. Choral 
Was Gott tut, das ist wohlgetan,
Es bleibt gerecht sein Wille;
Wie er fängt meine Sachen an,
Will ich ihm halten stille.
Er ist mein Gott,
Der in der Not
Mich wohl weiß zu erhalten;
Drum lass ich ihn nur walten.

Ce que Dieu fait est bien fait,
Ses desseins demeurent justes ;
Quel que soit le cours qu’il donne à ma destinée,
Je m’en tiens sans mot dire à sa gouverne.
N’est-il pas mon Dieu,
Qui dans le péril
Sait veiller à ma sauvegarde ?
Aussi n’ai-je qu’à le laisser agir.
2. Récitatif
Sein Wort der Wahrheit stehet fest
Und wird mich nicht betrügen,
Weil es die Gläubigen nicht fallen noch verderben lässt.
Ja, weil es mich den Weg zum Leben führet,
So fasst mein Herze sich und lässet sich begnügen
An Gottes Vatertreu und Huld
Und hat Geduld,
Wenn mich ein Unfall rühret.
Gott kann mit seinen Allmachtshänden
Mein Unglück wenden.

Sa parole de vérité est inébranlable
Et ne me trompera pas
Car elle n’abandonne ni ne perd ceux qui croient.
Oui, puisqu’elle me conduit sur le chemin de la vie,
Mon cœur se ressaisit et se laisse contenter
Du dévouement paternel et de la grâce de Dieu
Et sait avoir patience
Lorsque l’adversité me frappe.
Dieu, de ses mains toutes puissantes,
Peut détourner de moi le malheur.
3. Aria
Erschüttre dich nur nicht, verzagte Seele,
Wenn dir der Kreuzeskelch so bitter schmeckt!
Gott ist dein weiser Arzt und Wundermann,
So dir kein tödlich Gift einschenken kann,
Obgleich die Süßigkeit verborgen steckt.
Ne frémis donc pas, âme désespérée,
Si le calice de la croix a pour toi un goût si amer !
Dieu est pour toi un médecin avisé et un auteur de miracles,
Qui ne saurait te verser de poison mortel,
Encore que la douceur en soit cachée.
4. Récitatif 
Nun, der von Ewigkeit geschloss’ne Bund
Bleibt meines Glaubens Grund.
Er spricht mit Zuversicht
Im Tod und Leben:
Gott ist mein Licht,
Ihm will ich mich ergeben.
Und haben alle Tage Gleich ihre eigne Plage,
Doch auf das überstandne Leid,
Wenn man genug geweinet,
Kommt endlich die Errettungszeit,
Da Gottes treuer Sinn erscheinet.
À présent, l’alliance scellée par l’éternité
Reste le fondement de ma foi.
Elle parle avec assurance et confiance
Dans la mort comme dans la vie :
Dieu est ma lumière,
À lui je veux me livrer.
Et même si tous les jours apportent leurs propres tourments,
Une fois la souffrance surmontée,
Lorsqu’on aura assez pleuré,
Viendra enfin le temps de la délivrance,
Où se manifestera la sincère loyauté de Dieu.
5. Aria duetto 
Wenn des Kreuzes Bitterkeiten
Mit des Fleisches Schwachheit streiten,
Ist es dennoch wohlgetan.
Wer das Kreuz durch falschen Wahn
Sich vor unerträglich schätzet,
Wird auch künftig nicht ergötzet.
Si les amères souffrances de la croix
S’attaquent à la faiblesse de la chair,
Il en est pourtant bien ainsi.
Celui qui, dans une vaine folie,
A estimé la croix intolérable pour lui-même,
N’aura pas non plus à l’avenir à se délecter.
6. Choral 
Was Gott tut, das ist wohlgetan,
Dabei will ich verbleiben.
Es mag mich auf die rauhe Bahn
Not, Tod und Elend treiben,
So wird Gott mich, Ganz väterlich
In seinen Armen halten;
Drum lass ich ihn nur walten.

Ce que Dieu fait est bien fait,
Je veux m’en tenir à cela.
Il se peut que je me voie poussé
Sur la rude voie du danger, de la mort et de la misère,
Mais mon Dieu me prendra alors, tout paternellement dans ses bras ;
Aussi n’ai-je qu’à le laisser agir.